iGFM (Kaolack) Un jeudi, le
quinzième jour du cinquième mois de l’année lunaire de 1320, âpres
l’Hégire Tayba Niasséne accueillait celui qui deviendra l’imam
majestueux de la fayda Tijani. Il consacra sa vie entière à l’Islam et
contribua d’une manière remarquable à son expansion dans le monde.
Gfm.sn tente de revisiter la biographie de Baye Niass ou Cheikh Al Islam
et son œuvre dans l’islam.
Enfance et formation
Il a grandi dans le giron de son père.
Ce dernier, caractérisé par la chasteté, la crainte révérencielle, la
bravoure, la vertu, une grande éducation, et par une grande dévotion,
lui apprit le Coran, version, jusqu’a la maîtrise complète. A Bas âge,
il manifestait déjà des signes patents de réussite. Mais, il redoubla
d’efforts et ne les ménagea pas, en vue de l’acquisition des sciences
classiques, celles qui sont énoncées (mantuqa) et celles qui sont
inspirées (mafhuma). Il persévéra jusqu’a atteindre les objectifs en
acquérant l’expertise avérée dans toutes les branches des sciences
religieuses, en y occupant une place de premier choix, en très peu de
temps. Alors, Dieu l’établit comme une miséricorde pour ses serviteurs,
comme un avantage pour les métropolitains et pour les provinciaux.
C’est son père, à l’autorité ancrée et a
la célébrité répandue, qui s’est personnellement chargé de son
éducation. Il reçut de lui, par la grâce de Dieu, les perles des
utilités et le nectar des secrets, des invocations et des us et
coutumes. Par la suite, Dieu lui accorda la grande ouverture et les
sciences infuses [culumun wahabiyyatun laduniyyatun : sciences infuses
accordées par Dieu dans sa promiscuité, sciences qu’on n’acquiert pas
par l’effort personnel ni par l’apprentissage]. Il ne les a apprises de
personne.
La naissance du cheikh Al islam
Le Cheikh est né de deux parents
croyants, nobles, vertueux, endurants, et cultivant la crainte. Sa mère
Astou JANQAA, fille d’ Ibrahim est d’une lignée noble. Son père, AL
Hadji ‘Abdallâhi Niasse, fils de Bakari, fils de Muhammadu AL Amîn, fils
de Samba fils de Ridâ détenait un immense savoir et maîtrisait le Coran
dont il fut un éminent exégète. Il s’est occupé seul de l’éducation de
tous ses enfants, triomphant ainsi sur la volonté des autorités
coloniales d’enseigner le français aux fils de marabouts afin de les
bouter hors de la culture islamique. Cheikh Ibrahim fut sans conteste le
plus illustre d’eux, lui qui naquit un jeudi âpres (‘Asr), le 15 du
mois de Rajab en l’an 1320 âpres l’hégire du Prophète (SAW), soit en
1901 âpres la naissance de ‘Issâ (AS), dans un village dénommé Taiba
niassene localité fondée par son père.
Taiba 1 (qui signifie ce qui est pur)
est sémantiquement et physiquement auréolé d’un halo de pureté dont les
senteurs exhalées font prendre a l’âme qui la hume son essor vers la nue
de la perfection. La pureté de TaIba lui est-elle intrinsèque. Son
épicentre est-elle l’être des ascendants de Baye qui l’on incarné dans
toute sa splendeur? Ou sa pureté est-elle l’empreinte de celle du Cheikh
Al Islam? Quelque soit l’origine de la pureté de la localité, le voyage
vers Taiba est le symbole de l’élan vers la pureté intérieure dont le
terme est la parfaite illumination.
Le cheikh Al Islam et ses études
Le Cheikh Al Islam étudiait le coran
sous la direction de son père et le mémorisa entièrement selon la
version « warch » alors qu’il était dans sa tendre enfance, ce qui lui
valut le titre de « Hâfiz ». Il rechercha le savoir, dont il maîtrisait
différentes branches, auprès de son père, alors que la lumière de la
beauté divine brillait sur lui et que le secret de la guidée du Prophète
(SAW) était enfoui en lui. Apres le décès de son père, en l’an 1340 de
l’hégire, a l’âge de 76 ans (de l’année lunaire) alors qu’il n’avait que
20ans, il n’étudia plus chez aucun maître. Et pourtant la totalité des
savants qu’il a croisés durant ses longs et riches périples ont proclamé
l’excellence et la vastitude de son savoir plus qu’encyclopédique. Il
commença l’exégèse du Coran avec une maîtrise et une originalité
stupéfiantes. Il ajoutait dans ses séances plus que n’en disaient les
livres des exégètes et se donnait l’ample liberté d’apporter des
correctifs dans le sens des traductions habituelles.
De la lettre du texte brut, il tirait
l’esprit en ne se fondant que sur le Saint livre. Il enseignant
d’ailleurs que c’est le Coran qui lui expliquait le coran. Pour cette
raison il ne s’aidait que du Coran et des Hadith. Pour l’interprétation
du livre. Pour sa première séance d’exégèse du coran, il envoya
emprunter à l’un de ses frères le livre « Hâchiya Sâwi » qui fait
autorité dans ce domaine. Celui-ci lui opposa son refus sans demander de
qui il tenait l’autorisation d’une telle initiative. Il rétorqua a
celui qu’il avait dépêché: » Mon frère un tel ne sait-il pas que si tout
le savoir était perdu, je pourrais par la préférence (fadl) et la
louange (rendue a Dieu) ramenait tout ce savoir sans que rien n’y
manque?>. Je n’ai emprunté ce livre que par respect et quête de
bénédictions de notre père qui s’en servait, mais nullement pour y baser
et rechercher un quelconque savoir ».
De nombreuses communautés d’étudiants,
de gens en quête de savoir et des savants affluaient vers lui. Il disait
» Mon ouverture (a Dieu) était complète alors que j’étais au berceau et
c’est depuis, que l’ensemble des hommes du caché se sont soumis a mes
décrets. Aucun pas, d’Est en Ouest, n’est franchi sinon pour embrasser
ma boue (constitutive). Et comment cela pourrait-il ne pas être alors
que mon être est celui de Muhammad (SAW), son essence s’étant
entièrement incarnée en mon être et ma beauté ? Qui me voit, voit le
Prophète (SAW), son essence et sa forme. Tous mes contemporains sont
saufs et s’élèvent à l’exception de celui qui refuse de suivre ma voie,
prisonnier qu’il est de sa passion. Ce que j’avance, je ne l’énonce ni
sous l’emprise de l’euphorie, ni a des fins de prosélytisme. Je suis
celui qui accorde à chacun des élus mon aval avant qu’il ne soit agréé.
C’est par moi que guérira l’énorme plaie du monde. C’est par mon
effusion que la religion élèvera son étendard. Qui veut viendra a cette
effusion de grâces divines avant sa mort, qui veut t également se
détournera comme le font les damnés Quiconque cherche à éteindre cette
lumière, Allah refuse de l’éteindre quelques répulsions qu’en éprouve
mes ennemis>
Quelques qualités de Cheikh Ibrahim Niass
Le Cheikh possédait de
très belles et nobles qualités, toutes marquées du sceau de la
complétude lesquelles suscitaient l’attirance de tous ceux qui le
connurent. Il entretenait des relations avec des personnes de
nationalités diverses. Il ne proférait que les meilleures paroles et
était d’une grande générosité. Il était véridique et son cœur pur était
rempli de crainte pieuse. Il était magnanime et disait » j’ai un regard
pour le fils d’Adam par lequel il m’est impossible de le détester>.
Il était toujours occupé et ne connu jamais de moments de répit. Il
n’était pas prisonnier du repos et du prélassèrent. Il dit un jour a un
de ses fils : »Tu ne dois accorder aucun crédit au mot repos dans ce
monde, car il n’y en point>. Il était tour a tour l’Imam qui lisait
les prônes et dirigeait les prières, le professeur émérite, le juge
droit et juste, le prêcheur vivifiant, l’éducateur et l’élévateur aux
hautes stations spirituelles, l’invoquant par le sir, l’exégète et le
savant au savoir pur et sublime. Il était un lecteur assidu du Coran
qu’il clôturait bi hebdomadairement: il lisait et récitait
hebdomadairement le Saint Livre.
Il était très préoccupait par la
communauté de Muhammad (SAW) et disait : » Mon dessein est de la
conduire a la présence du Bon Très Miséricordieux qu’est Allah>. Ils
n’adoreront ainsi plus personne sinon Allah. Il tenait en estime ses
disciples et les couvrit de bienfaits qui les lièrent a sa personne au
point qu’un noble savant mauritanien Al Ukhta Olid Muhamed Baba écrivit
ses vers : » Je suis l’esclave du Cheikh Ibrahim. S’il veut il me vend,
s’il veut il m’anobli. Il m’a asservi par les honneurs, car l’honneur
possède le noble.> Il plaçait une solide confiance en Dieu et le
priait en toute pitié malgré la faveur qui lui était accordé. Il disait :
» Allah m’a donné le savoir et le pouvoir d’agir sur les choses. Si
j’ordonne en disant mon injonction sera suivi sans tarder d’effet. Mais
j’ai pris Allah pour garant. Je ne suis pas et c’est par l’ordre divin
que j’agis. Cela par politesse et bonne conduite. Pour cela il m’a
choisi (pour être son) ami.>Beaucoup de gens ont agit autrement âpres
avoir bénéficié du secret! Il était doux, indulgent, patient et ne
nourrissait aucune animosité pour ses ennemis.
Birame NDOUR
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